Le site archéologique de Roquepertuse (13)

Publié le par muriel-anne

Lorsqu’on arrive à Velaux on est accueilli par des champs d’oliviers  et des vignes : ça commence bien !

Le site archéologique de Roquepertuse, il faut l’avouer, n’est pas très bien indiqué. Mais vous pourrez facilement le repérer sur les plans d’information que l’on trouve dans Velaux. Le site se trouve à quelques kilomètres du centre ville. C’est l’occasion de garer la voiture et de faire une petite balade dans le site naturel où se loge Roquepertuse, entre forêt et garrigue. 
Roquepertuse est situé sur un plateau protégé au nord-est par une falaise. A proximité se déploie la ville haute. La ville basse, en contre-bas, s’étend sur un terrain en pente aménagé par sept terrasses. Les deux quartiers sont séparés par un cirque rocheux.

 

Le site archéologique de Roquepertuse a été découvert en 1860. Les inventeurs1 du site mettent alors au jour deux statues de « guerriers accroupis ». Celles-ci sont devenues depuis les symboles du site. Elles font naître beaucoup de fantasmes à propos de Roquepertuse. H. de Guérin-Ricard, premier archéologue du site, enrichit cet imaginaire avec de nouvelles trouvailles. Il débute des fouilles à Roquepertuse en 1919 pour le compte des musées de Marseille. Il soutient la thèse affirmant que le site de Velaux fut un centre religieux celto-ligure de premier plan. Ses fouilles et celles de ces prédécesseurs notamment celles qui reprennent en 1991 sont très fructueuses. On met au jour un portique, un rempart, un escalier monumental, des habitations et d’autres sculptures comme l’ « Hermès » bicéphale (cette statue n’est plus attribuer à Hermès aujourd’hui). Les dernières fouilles du site sont menées par P. Boissinot. Malgré l’importance des découvertes faites à Roquepertuse les chercheurs de ces dernières décennies sont revenus sur l’hypothèse définisant le site comme un centre cultuel. Même s’il reste quelques zones d’ombres dans l’histoire de Roquepertuse les récentes recherches ont permis de mettre au point la chronologie du site.

 

Roquepertuse a connu sept phases d’occupation du Néolithique (9000 à 6000 avant J-C) à la fin du IIIe siècle avant J-C. Ces différentes ères sont entrecoupées de périodes d’abandon. La cité de Roquepertuse évolue jusqu’au IIIe siècle avant J-C, date à laquelle elle atteint son expansion maximale, environ un demi hectare. Lorsque le village est abandonné pour la dernière fois il regroupe seulement quelques habitations concentrées autour du « centre ancien » près du rempart. Le stockage semble être la principale activité qui anime ces ultimes habitants. On a retrouvé pour cette phase d’occupation de nombreux dolium2 et des graines carbonisées. Une habitation semblait également servir de bergerie. Les découvertes archéologiques permettrent d’attester que ce village modeste a été détruit par le feu. Beaucoup de tessons de céramique et autres objets gardent des traces d’incendie. On a également retrouvé des boulets en pierre qui font partie des armes utilisées à cette époque lors de bataille. Les chercheurs ne sont pas encore capables d’identifier les protagonistes de cette attaque.

Mais revenons plutôt à ce qui a fait de Roquepertuse un site particulier du midi de la France. Les fouilles de 1995-96 mettent au jour un rempart. Cette fortification est construite en deux temps. Vers 300 avant J-C un premier rempart est érigé. Il fait 1,2 m d’épaisseur. Il est pourvu d’au moins une tour (seule une tour a été mise au jour jusqu’à présent) et d’une porte monumentale. On a retrouvé pour cette dernière les éléments en bois qui permettaient de faire pivoter deux vantaux. Pour accéder à la porte principale est aménagé un escalier d’honneur encore visible aujourd’hui. La tour dessine un quart de cercle de 4,8 m de diamètre avec un saillant d’environ 2 m par rapport à la courtine du rempart. Celui-ci est remanié vers 250 avant J-C. Il est renforcé et atteint alors 2 m d’épaisseur. La fortification se déploie du vallon (sud-ouest du site) au rocher où est logée la ville haute. Au-delà du rempart se développe un quartier extra muros.

Autre vestige remarquable de Roquepertuse : son portique. Cet élément architectural, construit vers le milieu du IIIe siècle avant J-C, est composé de piliers en pierre avec de petites niches où étaient disposés des crânes. Les chercheurs y voient dans un premier temps un nouvel indice qui corrobore la thèse de H. de Guérin-Ricard. Mais aujourd’hui ils hésitent à intégrer ce portique dans un espace public ou un espace privé. Il semble que les statues des « guerriers accroupis » seraient liées au monument d’où provient le portique. Ces sculptures feraient parti d’une « galerie des héros ».

 

En 2004 le site archéologique de Roquepertuse a été aménagé pour permettre aux visiteurs de mieux appréhender ses vestiges. On a choisi de montrer la cité du IIIe siècle avant notre ère. Pour cela des murs ont été bâtis sur les vestiges protohistoriques. Ceux-ci sont laissés volontairement sous terre pour des raisons de conservation. La ville de Velaux a également installé sur le site des tables d’information. D'autres projets d'embellisement du site sont à venir. Vous pourrez voir les moulages des plus importants objets retrouvés à Roquepertuse ainsi que du portique au Musée de la Tour dans le centre historique de Velaux. Pour voir les originaux il faudra vous rendre au Musée d’Archéologie Méditerranéenne de la Vieille Charité à Marseille.

 

N’hésitez pas à jeter un œil à l’album photos. Et n’oubliez pas d’aller visiter les sites patrimoniaux qui sont très souvent aux pieds de vos portes ou presque. Adoptez ce nouveau slogan : La culture un remède contre la crise !

Bibliographie de l'article:

Boissinot (P.), Gantès (L.-F.) : La chronologie de Roquepertuse. Propositions préliminaires à l'issue des campagnes 1994-1999. D.A.M., n°23, 2000, pp.249-271
Chausserie-Laprée (J.) : Le temps des Gaulois en Povence, Musée Ziem, Martigues, 2000

1. Personne qui découvre un site archéologique
2. Grandes jarres pour stocker le vin et les graines.

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